La stratégie gagnante

• Pour mieux évaluer la performance d’un marché boursier dans son ensemble, on a eu la bonne idée d’inventer les indices. A l’heure actuelle, le CAC All-Tradable est l’indice général le plus large utilisé en France. Puis il y a le SBF 120, un peu plus restrictif. Mais la vraie star des indices, c’est le CAC 40, calculé à partir d'un échantillon de 40 valeurs choisies tant pour leur capitalisation et leur liquidité que dans le but de refléter le poids respectif des différents secteurs de l’économie. La stratégie que nous vous proposons est justement basée sur cet indice.

• Contrairement aux professionnels, vous pouvez vous offrir le luxe d’avoir une véritable stratégie à long terme, car vous n’avez de comptes à rendre qu’à une seule personne – VOUS. C’est pourquoi nous vous conseillons cette stratégie, élaborée par un gourou bien connu à Wall Street, Michael O’Higgins, auteur du best-seller Beating the Dow (Mieux que le Dow Jones). L’approche qu’il préconise a effectivement battu l’index américain Dow Jones pendant plus de 35 ans.

• Comme indiqué plus haut, le cours des actions est influencé par toutes sortes de variables, notamment l’état général du marché, la performance de l’entreprise elle-même, les rumeurs qui courent, voire les scandales éventuels. Le dividende, par contre, est généralement stable : les sociétés évitent dans la mesure du possible de le diminuer car les actionnaires – et notamment les investisseurs institutionnels, les fameux zinzins – apprécient moyennement.

• Grâce à cette différence entre un cours qui ne cesse de varier et un dividende plutôt stable, le rendement de l’action (calculé en divisant le dividende brut par le cours) se révèle un outil très utile. Si le rendement actuel est plus élevé que son niveau moyen historique, l’action est sans doute sous-évaluée, et vice versa. Souvent – PAS TOUJOURS, mais suffisamment souvent pour que vous puissiez en profiter – les variations de cours sont provoquées par des réactions émotionnelles, plutôt que par une analyse froide et objective.

• La stratégie que nous vous conseillons consiste à classer les actions de l’indice de référence par rendement décroissant, puis à sélectionner les dix premières, à investir un montant égal dans chacune d’elles pendant un an exactement, et ensuite à recommencer l’opération : classer, sélectionner, investir, et ce année après année. Sur une période de 35 ans, cette stratégie a rapporté chaque année en moyenne trois points de plus que l’indice. Si l’on prend seulement les cinq actions au rendement le plus élevé, les gains par rapport à l’indice sont de cinq points. Et notez que ces gains sont possibles, non pas en investissant dans des sociétés à risque, mais au contraire dans des blue chips de tout premier rang.

• Comment cette stratégie peut-elle fonctionner ? Parce que vous – comme monsieur O’Higgins – allez acheter ces actions de père de famille au moment où elles sont sous-évaluées, généralement à cause de l’hystérie du marché. Et ce qui est valable aux Etats-Unis l’est évidemment tout autant de ce côté-ci de l’Atlantique. Notez cependant qu’il est essentiel d’investir le même montant dans chacune des cinq ou dix valeurs retenues. Et souvenez-vous que cette stratégie ne fonctionne à coup sûr que sur le long terme. Certaines années – et parfois plusieurs années de suite – votre portefeuille « sous-performera » le marché, pour reprendre l’élégante syntaxe des professionnels. Mais sur cinq ans, ou plus, vous êtes gagnant, pratiquement à coup sûr. Pourquoi faut-il attendre aussi longtemps ? demanderez-vous. Parce que les actions que vous achèterez sont les mal aimées du marché, et qu’elles risquent de tomber encore plus bas avant de regagner le terrain perdu.

• Si cela marche à tous les coups, demanderez-vous encore, pourquoi tout le monde n’en fait-il pas autant ? La réponse est que cette stratégie consiste à aller à contre-courant, ce qui n’est jamais rassurant. De plus elle est très, vraiment très monotone, et elle vous occupera au grand maximum une demi-heure par an, le temps d’acheter le journal, de sortir votre calculette pour trouver les rendements et de passer des ordres d’achat pour vos cinq ou dix actions. La plupart des investisseurs au contraire adorent suivre l’évolution du marché et de leur portefeuille, sélectionner de nouvelles actions, les revendre, en acheter d’autres – ce que vous n’aurez quant à vous aucun besoin de faire.

• Dernier conseil : pour éviter de payer (trop) d’impôts, tout en restant dans la légalité, nous vous conseillons de placer vos actions dans un plan d’épargne en actions (PEA).